EN ROUTE

 

Gorge profonde
ô prendre un bain de ciel
au creux d'une vasque !

Styx

Aquarelle de Jacqueline Giran - Gorges du Verdon (le Styx)

 

Bord d'autoroute
une bande d'amandiers
file sous mes yeux


Muette...
juste écouter
le chant du silence


Vois-tu se poser
dans un reflet de la route 
le chant d’un oiseau ?
 

Nuges d’été
ils ont le craquant pulpeux
des grenades
 

À fleur de terre
un petit ruisseau
de pluie


Temps de juin
le ciel envie l’azur
des champs de lin


S’ouvrant au soleil
la gorge profonde
d’un pré
 

Début d’orage
claque plus sec
le vol des martinets
 

Au vent léger
écoute chanter
les clochettes du lin !
 

Croix en plein champ
la chouette
y croise la lune
 

Prés verts glacés
des étoiles s’accrochent
aux branches du pommier
 

C’est l’automne
les prés recouverts
de nappes de brume
 

Gelée matinale
coiffant les pommiers 
de pompons tout blancs
 

Neige au printemps
le bocage se couvre
de fleurs de coton


À la barrière
les fleurs de colza repoussent
les coquelicots
 

Moissons
le gris des nuages teinté
de l’or des blés
 

Plateau ouest
des montagnes de blés
cachées dans un silo
 

Au ras du sol
deux moissonneuses-batteuses
en ordre de bataille
 

Longue journée
le soleil fait une pause
sur le champ de blé
 

Soleil couché
les tracteurs zèbrent
la nuit d’éclairs
 

Sente herbeuse
ciel et mer rejoints
au bout du chemin
 

Carnet de poche
le crayon noir se souvient
des couleurs de la route


Chemin de campagne
 je fais le plein
de chants d'oiseaux


Mon chemin rejoint
le bleu éphémère
des fleurs de lin


La plage nue
juste un ruban de coquillages
et de bois flotté


Mur du son
rien ne stoppe le galop
des nuages
 

Par le hublot
comme elle tangue la falaise
à l’appel du vent !


Au détour d’un virage
le Mistral rattrape
ma petite voiture


Dans la neige fraîche
une montagne de souvenirs
à enterrer


Rue déserte
le vent  jouera-t-il tout seul
au Père Noël ?

 

Nul dans la nuit
juste une étoile
pour m’accueillir

 

Nuit claire de juin
au bord du puits la grenouille
compte les étoiles

 

Le jour le plus long
le chant du merle noir
agrandit le ciel


Pause en chemin
à pleins poumons
 aspirant le ciel


Hiver sans neige
la lune pâlit
pourtant


Pris au piège
des grands pins noirs
le clair de lune

 

Pas de vent ce soir
le soleil n’a pas envie
de se coucher


Poussière d'aurore
un rayon de soleil
trouble la nuit


Moins de froid
le soleil a colmaté
la brèche du mur

 

Menu du jour
un rayon de soleil
dans les flaques

 

Soleil de Toussaint
les mêmes regards absents
quand le jour baisse

 

Au bout du chemin
mon ombre trébuche
sur des pervenches bleues

 

L’été hésite
à s’envoler
avec les tourterelles

 

Passant les cols
sans permission
des oies sauvages


Comme avant-goût
du paradis sur terre
les fleurs de pommier


Chemin d’azur
au bord du ciel s’engage
un chant d’alouette


Panneau routier
une araignée fait sa toile
sur le grand virage


Par-dessus le mur
une antenne d’escargot
en éclaireur


Sur les toits grelotte
la fumée violette
des cheminées


Envol du printemps
les toits couvent plein de nids
de cigognes


L’école est finie
un coquelicot aussi
prend la clé des champs

Dans mon panier d’osier
tout l’or du printemps
les jonquilles


À la boutonnière
un parfum de violette
pour toute médaille


Maison en ruine
un couple d’hirondelles
en visite


En plein vent
les liserons s’embrassent
à toute volée


Chemin GR
des sacs à dos bien remplis
d’envie de rêver


Raid en montagne
les cols grands ouverts
laissent passer l’été


Chemin de Compostelle
un faucon pèlerin partage
ma solitude


Chemin faisant
le chant d’un grillon
me fait la causette


Rues défoncées
la guerre des tranchées
n’a jamais cessé


Coup de foudre 
en chemin le sol se dérobe
sous mes pas

 

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